Mise... aux poings
La voiture de M. s'est éloignée du domaine, il y a...
Depuis une semaine, c'est Cœur fidèle qui s'est éloigné du domaine pour prêcher ses vins, leur histoire et la sienne.
Vendre pour vivre encore sa raison du raisin.
Tout s'agite, ailleurs. Le Domaine vit au ralenti.
Je lis et relis M. qui m'écrit...
"M.
Je viens de lire vos autres mots. Ils existent par mes yeux. Qu'en fait on ? Voulez vous que je les partage ou cela reste entre nous trois. C'est très fort ce que vous avez écrit et c'est, au delà de vos tripes et votre sincérité, une vision comme je le désirais d'une vie dans les vignes avec la paperasse puits sans fond de nos émotions, paperasse qui nous noient, nous efface...
Je vous laisse la décision et vous souhaite l'apaisement si long parfois à venir.
Prenez soin de la vie, de vous."
Caillou
La mise
Trois petites cuves... Et puis s'en vont...
Tu ne t'embarrasses plus du détail, c'est bien.
Vue d'ensemble, total en hectolitres, déclaration simplifiée, recul obligé, distance vitale.
10 cuvées plus tard, tu sais! Tu nous connais et nous te le rendons bien.
2012, nous sommes toutes fraîches sorties de notre deuxième fermentation malolactique... Lactées comme la nuit, au sein du monde...tu nous sèvres de nos fûts. Tu nous arraches de leurs seins.
Soins, sans sons, si suave, symphonie de la sifflante vie...
Quelle est douloureuse la séparation ! Cinglante comme un s, qui C ? A l'oreille, aucune différence et pourtant si éloignées, dans l'alphabet du monde.
Pense-tu au tonnelier? Pense-tu au vent dans les feuilles? Pense-tu a la montée de sève du printemps? Les perçois-tu ces goûts ? Sens-tu l'amour de la lame du bûcheron?
Que te dire vigneron? Nous, nous savons... La qualité du tronc, la fibre, le nœud, la corde et le nid...Sens-tu tout ceci dans le bois, son fumet, sa provenance, qu'importe ? Mais le voyage, le bon traitement et l'amour de celui qui coupe, y penses-tu?
Combien de temps pour que quitte la sève ? Combien de temps pour permettre à la nôtre de se révéler... Pleinement, complètement, éperdument ?
Le temps fait son œuvre, vigneron. Et toi ? Le prends-tu? Pour qui ? Pour quoi, au juste?
Ne t'oublies pas.
Plus tu seras enraciné, plus nos racines trouveront l'eau, la craie et... la joie.
Pense à la tienne, cueille-la...
Ne laisse pas la pourriture œuvrer.
Sois aux aguets, frêle est la lisière...
Tu prends le risque de nous perdre à chaque vendange, évite le pour ton cœur !
M.